mercredi 30 mai 2007

Exposition Galerie la Jonquière (Paris) - décembre 2006

"Une forme est esthétiquement valable justement dans la mesure où elle peut être envisagée et comprise selon des perspectives multiples, où elle manifeste une grande variété d’aspect et de résonances sans jamais cesser d’être elle-même. Umberto ECO

La peinture est un espace de liberté ; un trait d’union privilégié entre les méandres de la pensée et leur mise en espace, une réalisation matérielle dans un cadre immatériel.

Si pour Paul Cézanne « un tableau ne représente rien, ne doit représenter d’abord que des couleurs », c’est sans doute qu’il offre bien plus que ce qu’il représente. Le passage à l’abstraction a exalté cette ouverture formidable et confère aux œuvres le pouvoir de s’inscrire dans un processus artistique sans cesse redéfini et non plus dans une structure close. Chacun, dans ce nouvel espace, peut contribuer à l’œuvre et offrir une interprétation, sans que l’irréductibilité de la toile en soit altérée.

La peinture de Caroline nous initie à ce regard porté aux toiles, tout en étant le fruit d’un projet. C’est d’abord le projet de mettre chacun d’entre nous face à notre rapport aux éléments ; le lien entre la matière, brute, inerte, en devenir, et l’homme qui peut faire vibrer dans un même élan ces éléments contrastés. Il y a un optimisme certain dans cette peinture de l’inspiration qui place naturellement le corps et l’humain au sein de la matière ; un corps qui souvent se courbe, comme pour mieux se fondre dans l’élément dont il émane.
La matière est ici harmonieuse, sans rupture. Elle est parfois en fusion mais toujours dans un élan d’alchimie unitaire. Les toiles offrent un rapport intime entre ses composants, ce qui donne à chacune d’elle un équilibre subtil, celui d’une matière contrôlée et non débridée, un cocon protecteur pour un corps fragile.

D’ailleurs Caroline semble peindre, elle-même totalement envahie par la matière qui l’entoure, une matière sonore et musicale. Sans véritable volonté d’associer et de faire correspondre les arts, elle puise, comme dans la série « terre » son inspiration dans la musique de Salif Keita. La matière, les tons et le rythme de chaque toile sont absorbés de ces sonorités chaudes. Les sons prennent vie et deviennent couleurs. La série « air » trouve sa résonance musicale dans les chœurs a capella. Le rythme s’évapore, l’accord devient un espace éternel, lent et presque silencieux, Lux Aeterna.

Laissez vos pensées voyager dans ces ères, laissez-vous porter dans l’antre deux, le cœur de ses espaces contrastés."

Texte de Mikaël Le Padan

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